L'intelligence artificielle: "L'intelligence artificielle remplacera-t-elle les artistes ?"
Le Collège Supérieur (Lyon)
Afficher le planLes prodiges des programmes générateurs d'images, de textes et de musiques font les gros titres depuis deux ans. Comme pour d'autres métiers automatisés, on s'inquiète parfois d'un "remplacement" possible des artistes par l'intelligence artificielle. Imposées à grand renfort de publicités par le nouveau capitalisme sémiotique des plateformes du web, ces productions de plus en plus indiscernables des nôtres menacent de fait certaines professions, qui dénoncent leur généricité, leurs biais, le pillage des styles artistiques dont elles s'inspirent, ou le danger de leur monopole culturel. Mais beaucoup de graphistes, d'écrivains ou de compositeurs y voient aussi un outil de plus dans leur palette, et certains s'inventent déjà en artistes des prompts ou de la curation de ces contenus générés.
Au-delà des jugements hâtifs qui nous incitent à mépriser, admirer ou redouter l'IA, nous voudrions examiner d'un œil proprement philosophique le génie de ces générations. Nos catégories d'art et d'artiste peuvent-elles s'appliquer à l'IA et ses productions, ou sont-elles trop anthropomorphiques ? Manquera-t-il toujours à l'art génératif des intentions, du sens, une intelligence naturelle ou une sensibilité imaginative? Faut-il au contraire prêter toutes ces capacités à ces « consciences alternatives » que sont les nouveaux programmes algorithmiques? Ou bien l'art peut-il se passer de tout cela ? Qu'est-ce qu'un artiste précisément, après la déconstruction de cette figure entreprise depuis plus d'un siècle par l'art contemporain ? Certains artistes contemporains font déjà usage de l'IA, qui s'ouvre à présent aux particuliers, et l'on peut se demander si ce n'est pas la possibilité pour tout un chacun de devenir artiste qui émerge ici. Sans se limiter aux comparaisons avec l'humain, c'est aussi sur les plaisirs esthétiques spécifiques proposés par ces nouveaux moyens créatifs que nous voudrions insister, pour nous débarrasser de nos préjugés sur les machines et ce qu'elles peuvent nous offrir.
Cette conférence sera donnée par Jim Gabaret, normalien, agrégé et docteur en philosophie.