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Le capitalisme et l’État  : je t’aime moi non plus

Le capitalisme et l’État  : je t’aime moi non plus

Le Collège Supérieur (Lyon)

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Une conférence d'Eric Berr, co-auteur de La dette publique (Seuil, 2021) et Arnaud Pautet, auteur de Les défis du capitalisme (Dunod, 2021)

Comme séparés par un grand fossé, le marché et l’État semblent se défier. Pourtant, nul ne peut oublier que l’État a enfanté le capitalisme lorsque, à l’époque moderne, il confia aux compagnies des Indes le monopole du négoce international, et aux financiers le soin de percevoir ses impôts. Ces « capitalistes » finissent par se couper de l’économie marchande et de l’État, au XIXe siècle ; mais ce dernier, à la faveur de la crise de 1929 et des guerres mondiales, reprend les rênes de l’économie. Les Trente glorieuses célèbrent le retour de l’État, à grand renfort de nationalisations et de planification stratégique. A nouveau, depuis les années 1970, l’État relâche la bride : le capitalisme néolibéral tisse sa toile mondiale et tente un grand désencastrement. Depuis 2008, le néolibéralisme semble fragilisé, et souffre de la concurrence d’un capitalisme national autoritaire, qui se déploie en Chine, en Turquie, en Russie ou au Brésil. Ces évolutions se retrouvent aussi dans la façon qu’a l’État de financer son action. Ainsi, l’État-providence qui se développe après la seconde Guerre mondiale entend reprendre le contrôle sur le système bancaire et les marchés financiers, dont la grande volatilité est à l’origine de la crise de 1929. Il cède aujourd’hui la place à un État néolibéral qui, à partir des années 1980, se soumet aux marchés financiers et accompagne une financiarisation de nos économies pourtant porteuse d’instabilité et engendrant de multiples crises.