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Comment fonder le devoir ?

Comment fonder le devoir ?

Le Collège Supérieur (Lyon)

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Une conférence d’Antoine Gaillemain, agrégé de philosophie, professeur de philosophie en classe de Terminale.

Dans le sillage d’Emmanuel Kant, nombreux sont les philosophes qui établissent une coupure entre le règne de la nature et celui du devoir. À en croire l’auteur des trois Critiques, aucun degré de connaissance de la nature ne peut me faire connaître ce que je dois faire. Seul un commandement issu de la raison permet de savoir si l’on peut mentir en certaines circonstances, si Agamemnon doit sacrifier Iphigénie ou si Rodrigue a l’obligation morale d’épargner l’offenseur de son père. Si admirables que soient nos sciences, elles seraient impuissantes à fournir une ligne de conduite à notre existence.

L’héritage de Kant sépare donc l’être du devoir-être ; ses héritiers, jusqu’à Jürgen Habermas ou John Rawls, ne débattent plus que de la question de savoir comment fonder le devoir, ayant admis qu’aucun fait ne pouvait me renseigner sur ce que je dois faire. Max Weber, par exemple, amende la philosophie kantienne en soutenant que le devoir se fonde sur des jugements de valeur irrationnels, mais reste tributaire de la distinction entre la science et la morale : une phrase en « je dois » ne pourrait être justifiée par la description d’aucun fait, d’aucune circonstance de l’action.

Notre examen portera sur la solidité de ce dernier principe : a-t-on raison d’admettre cette coupure entre les faits et le devoir ?